Très critiqué pour sa lenteur, dans l’affaire du naufrage survenu au large de Libreville le 09 mars, le gouvernement gabonais a fini par mettre des gros moyens dans ce qui devait être au départ une opération de sauvetage. Ces moyens allaient servir pour la recherche des survivants, pas des corps sans vie. Mais hélas, les morts se comptent désormais par dizaines. Ce matin là, aux environs de 7 heures du matin, alors que le bilan faisait encore état de 2 morts, on était loin de s’imaginer que ce naufrage allait devenir le plus meurtrier de l’histoire la navigation au Gabon.
La tragédie du drame
Six jours après le drame, on compte 21 morts et 15 portés disparus. C’est le dernier bilan rendu public par le procureur de la République. Mais pour certains, c’est déjà 36 morts, et personne ne peut en toute conscience réfuter cette éventualité. Car les gabonais ont bonne conscience: « on ne peut rien espérer de bon de la part du gouvernement » . Et cette conscience on la tire à travers des éternités en arrière. C’est ça la tragédie du drame.
C’est vers 7 heures du matin que les premiers secours sont arrivés sur le lieu du naufrage. Plusieurs questions vont alors tarauder les esprits. Les témoignages des premiers survivants nous apprendront que le navire a commencé à couler à 3 heures. Alors, que s’est-il passé entre 3h et 7h alors que le signal d’alerte radio a été donné? Le silence autour de cette question est des plus éloquents. Un silence qui fait les bonnes affaires des adeptes de la théorie du complot.
Dans ses efforts de réaction, le gouvernement a peiné à montrer aux victimes une empathie à peine perceptible. D’abord à travers sa lenteur, puis dans le discours du ministre des transport qui s’est déchargé de toutes responsabilités. N’eut été la présence du « Celeste« , un bateau de la société PESCHAUD, on est en droit de se demander si on aurait pu sauver ces 124 passagers ce jour là. Tous nos hommages à l’équipage de ce bateau.
Les gros moyens
Le dimanche dans la tristement célèbre « communication gouvernementale » , il a été fait étalage des gros moyens mis à disposition pour retrouver des survivants. Mais il semblerait que le dispositif en question n’a retrouvé jusque là, que des corps sans vie. Exceptée la dame qui a été retrouvée ce même dimanche, qui semble être la date du vrai démarrage des recherches par les autorités gabonaises.
Les Moyens Matériels
- 2 patrouilleurs de la Marine Nationale
- 7 embarcations des forces de défense et de sécurité
- 2 navettes de l’ANPN
- 6 vedettes des partenaires
- 1 robot plongeur mis à disposition par Perenco
Les Moyens Humains
- 50 militaire /jour en mer
- 300 militaires au sol
La distance entre Libreville et Nyonié en bateau est d’environ 30 min. Combien de temps faut-il pour mobiliser 350 militaires? De quelles autorisations a-t-on besoin pour réquisitionner les patrouilleurs de la Marine Nationale, et combien de temps cela prend? Y avait-il comme d’habitude, un problème de carburant? Autant de questions laissées sans réponses. Le rapport nous édifiera peut-être un jour. Si rapport il y en a, bien sur. Et encore faudrait-il qu’il soit rendu public.
La société civile va porter plainte
La société civile, tout comme l’opinion, pointe un doigt accusateur contre le gouvernement. Le Réseau des Organisations Libres de la Société Civile pour la Bonne Gouvernance au Gabon (ROLBG) a annoncé qu’il se porte partie civile pour ester en justice le gouvernement gabonais. Il reproche à ce dernier une négligence certaine dans le sauvetage des passagers de l’Esther Miracle. Cette décision a été prise à la demande des familles des victimes. « Il s’agit d’une plaine collective avec constitution de parties civiles contre plusieurs membres du gouvernement » indique le communiqué. Cette plainte témoigne de l’ampleur du problème. Mais c’est aussi un moyen pour mettre la pression au gouvernement. Car les responsables doivent répondre de leurs actes.
Lire aussi: Le chargement hallucinant du navire Esther Miracle dévoilé
Selon les chiffres officiels, le navire Esther Miracle transportait 161 personnes et une importante cargaison de marchandises lorsqu’il a chaviré au large de Libreville sous l’effet avérée d’une surcharge.